
Je vous avais déjà parlé d’un podcast que j’aime beaucoup écouté et ceux depuis qu’il existe, French Expat le Podcast.
J’ai d’ailleurs écrit un article sur leur blog pour parler de notre expérience de famille nomade digitale. Puis j’avais eu la chance d’être interviewée par Anne-Fleur pour parler justement de cette expérience et de notre retour à une vie sédentaire.

Dernièrement French Expat a produit une série d’interviews sur les expériences des au-pairs, que ce soit du point de vue des familles d’accueil que ceux des jeunes-filles parties pour plusieurs mois ou années au bout du monde, pour s’occuper d’enfants en intégrant le rythme de vie d’une famille étrangère.
Ces trois épisodes ont fait remonté plein de souvenirs à la surface, lorsque je fus également jeune-fille au-pair près de Londres pendant presque un an.

Cette expérience a clairement changé ma vie, il y a eu un avant et un après ces 10 mois passés outre-Manche. Lorsque je suis partie, j’avais 18 ans, je venais d’avoir mon bac et cela faisait déjà depuis deux ans que je voulais tenter l’aventure d’être au-pair pour améliorer mon anglais qui était basique et surtout pouvoir le parler dans la vie de tous les jours.

Lorsque j’ai écouté les interviews sur French Expat, toutes mentionnaient des sites internets qui mettent en relation les futurs au-pairs avec des familles selon leur choix. Ça m’a fait bizarre car je n’ai pas connu cette approche. J’ai commencé les démarches au cours de l’année 2001 et à l’époque nous étions encore aux balbutiements des sites internets. J’ai donc contacté une agence spécialisée pour les au-pairs mais à l’époque il fallait se déplacer pour récupérer son dossier d’inscription. Je me rappelle être allée à Paris avec ma maman, c’était près des Invalides si mes souvenirs sont bons.
Une fois mon dossier remplis j’ai eu 2 ou 3 contacts téléphoniques avec des familles. J’ai su à l’été 2001 dans quelles famille et ville j’allais vivre mon aventure anglaise : ce serait à Billericay, en Essex (à 30 minutes en train de Londres) dans une famille de 3 enfants.

Le 5 septembre 2001 je suis partie en avion direction London ! Je me rappelle encore les au-revoirs avec mes parents et ma grande-sœur. J’essayais de garder la tête haute et de sourire, mais au fond de moi je stressais et je me demandais si c’était la bonne décision. Pas facile de quitter le nid à 18 ans pour aller vivre dans une famille étrangère. Je me rappelle un petit détail dans l’avion pour aller à Londres. Je voyageais avec la compagnie British Airways et l’hôtesse de l’air m’avait servi un croissant avec du saumon fumé à l’intérieur. Je m’étais alors demandée si j’allais manger des drôles de plats tout au long de mon séjour anglais, haha !
Arrivée à l’aéroport, la maman est venue me chercher, mais je n’avais jamais vu la famille, même pas en photos. Je savais juste que la maman était anglaise et le papa de l’Île Maurice. C’était donc une famille avec deux cultures mais pas de photos à l’appui. La maman avait quand à elle une photo de moi et elle a pu me reconnaître. Nous prenons sa voiture et bien sûr je n’étais pas habituée à rouler à gauche. J’avais l’impression que la mère dépassait les voitures du mauvais côté, car tout est inversé dans la conduite en Angleterre, même pour les ronds-points ! On peut dire que je suis rentrée directement dans le bain rien qu’en faisant ce chemin pour rejoindre la maison où j’allais vivre pendant près de 10 mois.

J’ai ensuite rencontré le papa qui parlait français, d’ailleurs leurs trois filles parlaient déjà couramment le français car elles avaient toujours eu des jeunes-filles au-pair francophones. Dans mon contrat je devais d’ailleurs ne parler qu’en français aux filles et en anglais aux parents. Ce fut peut-être un désavantage à long terme pour améliorer rapidement mon anglais, mais au départ c’était beaucoup plus facile pour jouer et parler avec les enfants.

Lors de cette année je me suis beaucoup occupée des trois petites filles, elles étaient vraiment adorables et bien élevées, lorsque je suis arrivée elles avaient 7 ans, 6 ans et 3 ans. Mon travail consistait à les habiller le matin, on prenait le petit déjeuner tous ensemble la plupart du temps. J’amenais les deux plus grandes à l’arrêt de bus et ensuite j’emmenais la plus jeune à la crèche à pieds. Je devais m’occuper de la lessive et du repassage. Mais je n’avais pas à faire le ménage ni préparer les repas. Le papa aimait cuisiner le soir et l’on mangeait à nouveau tous ensemble à table pour le diner. J’étais aussi de vaisselles, mais vraiment j’avais beaucoup de temps libre dans la journée jusqu’à 15h, avant de récupérer les deux plus grandes. J’avais mon mercredi de libre pour aller étudier et améliorer mon anglais avec des cours d’ESL (English as a Second Language) dans la ville de Chelmsford. C’est d’ailleurs dans cette classe que j’ai rencontrée deux très bonnes amies qui étaient au-pairs également. Nous avons beaucoup partagé et visité Londres et certaines grandes villes anglaises comme Cambridge, Brighton, Leeds ou encore Oxford.



Mes weekends étaient aussi libres et ce fut pour moi l’occasion de découvrir Londres. À l’époque, point de Google Map pour se repérer ni de réseaux sociaux comme Facebook, Meet’Up ou Instragram pour trouver des bonnes adresses ou rencontrer de nouvelles personnes. J’avais mon plan de Londres avec moi et en route pour les découvertes !



Et puis lors de cette aventure hors de France j’ai eu la chance d’y séjourner l’année où les parents se sont mariés. Le père étant de l’Île Maurice et sa famille résidant là-bas, ils ont organisé la cérémonie principale dans cette magnifique île. Cerise sur le gâteau, j’ai été invitée à venir avec eux pour continuer à m’occuper des filles. C’est assez fou encore en y repensant car ils m’ont payé le billet d’avion et je partageais la chambre d’hôtel avec les deux plus grandes filles. Nous sommes restés une semaine dans un hôtel de luxe qui donnait sur la plage. Je n’avais jamais vécu de pareilles vacances pour être honnête et j’en ai profité à fond. Nous sommes également restés deux semaines dans la famille du papa avec les cousins. C’était très sympa et conviviale et la famille Mauricienne m’a accueillie chaleureusement. C’est marrant je me rappelle encore de petits détails, comme manger des mangues qui venaient fraichement d’être cueillies dans l’arbre ou certaines odeurs ou conversations. Je sais que plus de 20 ans sont passés mais j’ai encore des flashs en y repensant.



Bien sûr tout ne fut pas facile, déjà découvrir une famille étrangère et devoir vivre à leur rythme de vie est une grande étape. Je fus bien accueillie mais j’ai toujours gardé une certaine distance avec les parents même s’ils ne me faisaient aucun reproche. J’avais 18 ans et je ne savais pas toujours sur quel pied danser. En revanche avec les trois filles ça a fonctionné tout de suite et on s’amusait beaucoup ensemble.

Pendant cette période j’ai vécu un évènement qui a marqué tout le monde, cette journée du 11 septembre 2001 qui restera gravée en mémoire pour beaucoup d’entre nous. On se rappelle tous de ce que l’on faisait ce jour là. Pour ma part, cela ne faisait que 6 jours que j’étais arrivée en Angleterre et je me rappelle que la mère m’en parlait à l’arrêt de bus en attendant les deux plus grandes de retour de l’école. Elle me disait ce mot en anglais « collapse » que je ne comprenais pas (cela signifie s’effondrer). Je n’ai compris l’horreur de cette journée qu’en visionnant la télé.
Je suis retournée en France pour Noël lors de cette année. Ça m’avait fait du bien de rentrer pour retrouver ma famille et mes amis et retourner dans un cocon sans avoir les responsabilité que j’avais vis-à-vis des trois petites filles. J’ai eu du mal à repartir, les au-revoirs sont toujours difficiles après avoir passé des bons moments avec les gens qui nous connaissent.
Lorsque j’écoutais les interviews du podcast, toutes les jeunes-filles disaient qu’elles avaient pu garder contact facilement avec leur famille via WhatsApp ou les réseaux sociaux. Ce ne fut pas mon cas, j’avais tout juste une adresse e-mail. En revanche j’ai écrit beaucoup et j’avais souvent des lettres de certaines de mes amies, de mes parents et de la maman de ma meilleure amie. Elle m’envoyait toujours ses lettres dans des enveloppes jaunes et j’étais toujours heureuse de voir dans le courier cette enveloppe couleur soleil dépasser des autres. Mes parents m’ont envoyé aussi plusieurs colis de chocolats pour me remonter le moral et me faire un petit plaisir français. Si vous passez par là, Maman et Papa, encore merci 😉

J’ai eu des moments de doute parfois mais ce fut aussi une année pour m’épanouir, progresser en anglais, sortir clairement de ma zone de confort et arpenter les rues de Londres. Je ne garde que le meilleur de cette expérience et il y a eu clairement un avant et un après ces 10 mois anglais. Je suis devenue plus responsable, un peu plus adulte aussi. Cela m’a permis aussi de découvrir deux nouvelles cultures, anglaise et mauricienne. J’en suis reconnaissante et je me dis parfois comment aurait été ma vie sans cette année off en dehors de la France. J’aurai rencontré d’autres personnes lors de mes études et mon présent aurait été différent.

J’ai gardé contact plusieurs années avec la famille et je suis même retournée les voir lors d’un voyage à Londres. J’étais avec mon chéri qui n’était pas encore mon mari et nous avions diné chez eux. J’avais pu revoir les filles qui avaient bien grandi et rencontrer le 4ème enfant, un garçon cette fois, qui était encore dans le ventre de sa mère lorsque j’étais partie fin juin 2002 d’Angleterre.


Cette expérience restera gravée en moi, et plus de 20 ans après j’ai envie de partager ce que j’ai vécu. Si c’était à refaire, je le referais sans me poser la question. J’ai appris, j’ai grandi, j’ai pris une certaine confiance en moi et je pense que ce fut un déclic de me dire que c’était possible de vivre à l’étranger.

Alors si certaines ou certains lisent mes lignes et se demandent si une expérience d’au-pair pourraient être bénéfique, je leur réponds mille fois oui ! Allez-y, vivez cette aventure, vous en ressortirez grandi 🙂
Merci French Expat d’avoir produit ces épisodes, j’ai eu envie grâce à vous de mettre enfin des mots sur cette aventure 🙂
With Love ❤️
Tiphaine, a Frenchy Smile
Je me souviens bien de nos échanges…
Merci d’avoir été là car tout n’était pas facile. Et merci de m’écrire encore 🙂 Je t’embrasse
❤
Oh la la que de souvenirs
J ai regardé il n y a pas longtemps les photos que j ai partagé avec mes filles
Comme tu le dis une belle expérience qui apporte beaucoup
Merci pour ce partage et tous tes autres partages que tu fais
Je t embrasse
Merci Muriel pour tes mots et ton message, on en a fait des découvertes ensemble et vécu des moments forts. C’est chouette si tu as partagé ton expérience avec tes filles. Peut-être qu’elles aussi un jour voudront tenter l’expérience.
Bisous
Bonjour ma fille
J’aime bien ton texte qui nous fait voyager dans le temps.
Quand nous sommes allés te voir, j’étais complètement dérouté par ce pays exotiques où tout fonctionnait à l’envers !
J’étais surpris même dans mon assiette : des fayots à la sauce tomate sur une patate !
C’est ma jeune fille de 18 ans qui prenait en charge ses parents. Tout était bizarre mais c’est un bon souvenir.
A propos de chocolats, te souviens tu de celui que tu avais mis de côté par gourmandise, qu’une des gamines t’avais piqué !
Bisous
Papa
Coucou Papa, et je me rappelle aussi qu’on avait été diner dans un restaurant indien, histoire de manger un bon repas hihi
Ah oui je me souviens bien d’Eva qui m’avait piqué le chocolat blanc que je me gardais pour la fin de la boîte, la petite gourmande !!!
Ce fut un chouette weekend lors de votre venue à Londres même si c’était déroutant pour vous.
Gros bisous
Oulala ça ne nous rajeunit pas !!
La serre me fait un peu penser à celle de SF au niveau du style …
Sympa de voir toutes ces photos et ta vie d’il y a très longtemps quand nous étions tous européens…
Ah Kew garden et ses serres c’était si beau. C’est vrai que l’architecture des serres de SF est similaire. Ça date mais ce fut une belle étape dans ma jeunesse. À ce moment là Londres était européenne, qui aurait pu imaginer la suite.
Bises