Grossesse en Californie

Comme certaines personnes m’ont posé des questions sur la grossesse ici, je me suis dit que cela pouvait faire l’objet d’un article sur la façon dont ça se passe en général en Californie.

Je fais bien la différence entre la Californie et les États-Unis car chaque état a des lois différentes et je ne veux pas faire de généralité et dire de bêtises.

Le suivi

Dès que j’ai su que j’étais enceinte, je suis allée voir mon médecin pour lui en parler. Elle m’a fait faire une première prise de sang pour vérifier que j’étais bien enceinte. Pour trouver un gynécologue, mon médecin m’a donné quelques noms en me disant de regarder sur le site de l’hôpital pour décider avec qui je souhaitais être suivie. Ainsi je suis allée voir les différents profils des médecins et ils avaient même des notes sous forme d’étoiles. Le genre de chose assez étonnante même après plus de 3 ans d’expatriation ici. J’ai donc choisi une gynécologue qui correspondait à mes critères et j’ai pris rendez-vous.

Lors du premier rendez-vous, je crois que j’ai dû entendre le médecin me dire « congratulations » au moins une bonne dizaine de fois 😉 C’est amusant ici, il y a toujours cette notion de bonnes ondes même dans le milieu médical.

Un peu comme en France j’ai dû faire une batterie de prises de sang au début pour savoir si tout allait bien. Puis le fameux test pour savoir si je faisais du diabète gestationnel aux alentours de la semaine 25. J’ai été suivie au début mensuellement, puis à partir du 7ème mois j’ai eu des rendez-vous tous les 15 jours. À partir du 8ème mois et jusqu’à la fin, je dois y aller de manière hebdomadaire. À chaque fois ce sont des rendez-vous de contrôle assez rapides (poids, prise du pouls puis écoute du cœur du bébé via un doppler et mesure du ventre avec un mètre tapissier).

Concernant les échographies, je les ai faites via un échographe dans une autre partie de l’hôpital, j’en ai eu en tout 3 mais je pense que c’est également courant en France.

Dans les différences notables, je dirai qu’il y a le vaccin de la coqueluche qui m’a été conseillé de faire à partir du 3ème trimestre. Ce n’était pas du tout obligatoire et j’ai demandé pourquoi ils le proposaient, sachant qu’en France cela n’existe pas. La gynécologue m’a alors expliqué qu’en 2013 il y a eu une recrudescence de coqueluche notamment dans le comté de Santa Clara (où nous habitons), mais aussi ailleurs aux USA. Le centre de prévention de la santé a alors institué cette mesure nationale pour protéger les nouveaux-nés de la maladie dès leur naissance. Sachant que nous vivons dans une région où les gens émigrent de tous les pays du monde, certaines personnes ne sont pas autant vaccinées que d’autres lorsqu’elles arrivent sur le sol américain. Après cette explication logique et mûre réflexion je me suis faite vacciner pour éviter tout souci pour le bébé.

Un des points intéressants ici est que tout est concentré dans le même endroit, ainsi si j’ai besoin de faire une prise de sang après un rendez-vous, il est directement inscrit dans mon dossier médical et je n’ai qu’à changer d’étage pour faire l’examen. Je ne sais pas si cela existe en France, mais il est possible d’installer l’app de l’hôpital sur son téléphone pour recevoir ses résultats automatiquement. La gynécologue y laisse ses retours et compte-rendus. Je dirai que c’est vraiment un suivi facile et très bien fait au niveau de la technologie. Après en vivant dans la Silicon Valley je suis peut-être un cas à part.

Concernant le coût des rendez-vous, cela dépend de chaque assurance santé. Nous en avons une grâce à la compagnie où travaille Nicolas et elle couvre beaucoup de frais. Mais je sais aussi que nous sommes chanceux de vivre en Californie. Par exemple lors de mon premier rendez-vous avec la gynécologue j’ai payé un forfait de $25 et depuis je n’ai rien à payer. Chaque visite de contrôle est considérée comme un suivi et est inclus.

Je suis donc très bien suivie depuis le début de ma grossesse et tout se passe bien.

Le congé maternité

Pour ce qui est du congé maternité, je me suis tournée vers les RH de mon entreprise pour savoir comment cela se passait. L’entreprise pour laquelle je travaille ne paie pas pour mon congé maternité, en revanche puisque j’ai eu un an d’ancienneté en mars 2019, je suis éligible à ce qu’ils appellent le FMLA (Family and Medical Leave Act). Pour faire simple mon poste m’est réservé pendant les 12 semaines de congés maternité après l’accouchement. Ce qui est un soulagement.

En ce qui concerne un congé payé, cette fois j’ai dû me tourner vers l’état de Californie. L’hôpital m’a fourni les papiers à remplir pour faire ma demande d’invalidité pour cause de grossesse. C’est ainsi qu’ils le traitent, cela fait partie des congés d’invalidité. Via l’état de Californie j’ai le droit de prendre jusqu’à 4 semaines avant le terme (le Disability Insurance = assurance d’invalidité), puis 2×6 semaines après l’accouchement. Les premières 6 semaines sont appelées le Maternity Leave (= congé maternité) et elles peuvent être suivies de 6 autres semaines de Paid Family Leave ou Bonding Leave (= congé familial ou congé pour favoriser les liens familiaux). Ce second congé de 6 semaines peut être pris à la suite du congé maternité ou bien plus tard selon les besoins. Je vais bien entendu cumuler ces 12 semaines en même temps pour avoir du temps avec notre bébé. Il faut savoir que la majorité des états ne paient pas pour le congé maternité, nous sommes très chanceux que cela soit le cas en Californie. La carte ci-dessous est édifiante.

© A Better Balance

Donc niveau temps de congé, je pense qu’avant la naissance de l’enfant, la Californie propose un délai moins long qu’en France. En revanche pour les 3 mois après l’accouchement, cela ressemble au modèle français. Pour avoir des collègues du monde entier avec mon emploi je me suis rendue compte que ce soit en Californie ou en France, nous ne sommes pas vraiment bien lotis. Il y a des pays comme l’Allemagne où la mère peut prendre jusqu’à un an de congé, être payée 70% de son salaire et avoir la sécurité de retrouver son poste. Au Portugal la mère et le père peuvent prendre jusqu’à 6 mois de congés. Il y a encore clairement du boulot et les autres pays européens sont de bons exemples 😉

Cours et préparation à l’accouchement

© Cuarto Creciente

Pour ce qui est des cours pour la préparation à l’accouchement, l’hôpital où je suis affiliée propose de nombreux cours suivant les différents trimestres, bien entendu ils sont payants.

Ainsi j’ai pu suivre un cours qui expliquait les premiers gestes à avoir avec son nouveau-né (bain, couche, etc) ainsi que le b-a ba de l’allaitement. Avec Nicolas nous avons également suivi un cours pour la préparation à l’accouchement avec beaucoup d’informations pratiques (vidéos et explications par le professeur) et techniques avec des massages que le/la partenaire peut prodiguer lorsque sa femme a des contractions. Lors de ce cours nous avons pu faire également le tour de la maternité où j’accoucherai. Ce qui était un plus pour se rendre compte à quoi ressemble une salle d’accouchement ici.

J’ai aussi profité des cours de yoga prénatal que l’hôpital propose. Dans la Bay Area il y a beaucoup de studios de yoga qui proposent ce genre de cours et j’ai testé différents endroits. C’est parfait pour se détendre, s’étirer, continuer à faire du sport en douceur et cela permet de faire connaissance avec d’autres femmes enceintes et de partager ses expériences. Si vous avez la possibilité de suivre ce genre de cours de yoga, je ne peux que vous le conseiller, c’est vraiment des ondes positives.

L’accouchement

Je ne suis pas encore arrivée à cette grande étape mais pour l’accouchement, il est courant ici de faire un Birth plan, un peu comme un journal de bord où vous indiquez vos préférences pour votre accouchement. Cela peut être par exemple si vous ne voulez pas avoir de péridurale, si vous souhaitez allaiter dès les premières heures, ou bien que le cordon ombilical ne soit pas coupé immédiatement mais qu’il reste accrocher quelques minutes au bébé, si vous voulez faire du peau à peau et encore plein d’autres demandes suivant les couples. Ce Birth plan est à donner aux infirmièr(e)s lorsque vous arrivez à l’hôpital, ainsi ils ont une idée plus concrète de la façon dont vous concevez votre accouchement (très médicalisé, plus naturel, etc). Bien sûr ce sont des requêtes, si la vie de la mère ou du bébé sont en jeu, le personnel médical ne pourra pas forcément suivre toutes vos demandes.

Au moment de l’accouchement il est aussi demandé aux parents si vous avez déjà choisi votre pédiatre et qui est-il. Ainsi ils feront le relai avec le médecin choisi qui viendra faire une visite pour voir le bébé. Pas besoin de prendre rendez-vous avant la naissance, le suivi se fait automatiquement une fois le pédiatre choisi.

Pour ce qui est de la longueur du séjour à l’hôpital, le délai est court et il varie suivant le type d’accouchement. Si c’est un accouchement naturel (par voie vaginale) et que tout s’est bien passé, la mère et le bébé resteront 2 jours et 2 nuits à l’hôpital. Pour une césarienne ce sera 4 jours et 4 nuits. Un délai très rapide pour pouvoir se remettre je trouve.

Au quotidien

Petit panel de choses que j’ai remarqué lors de ma grossesse et qui diffèrent en France :

• J’ai l’impression qu’en France, les personnes vont être plus enclines à laisser passer une femme enceinte dans une queue. Ici que nenni, j’attends mon tour comme tout le monde.
• Dans les supermarchés il n’y a pas de caisses réservées pour les femmes enceintes.
• Le côté très prude des américains est fortement développé même dans le milieu médical où toutes les parties intimes sont recouvertes d’un drap. À aucun moment la patiente se retrouve à moitié nue devant son médecin.
• Niveau pudibonderie il en a été de même pour les films que nous avons visionné lors de la préparation à l’accouchement. Nous n’avons pas vu de véritables vidéos de femmes accouchant, lorsque le sujet était évoqué, il était traité sous forme de petites animations.
• En rencontrant des futures mamans américaines au yoga, je me suis rendue compte que la Baby Shower est une fête à ne pas manquer ! (Pour ceux qui ne connaissent pas le principe, lorsque la femme est encore enceinte, une fête est organisée avec sa famille et ses amis avec des jeux, des surprises et le couple reçoit beaucoup de cadeaux). La déco est très souvent à thème et cela peut être également l’occasion de révéler le sexe du bébé. Je ne sais pas trop si cela est en train d’arriver en France… Personnellement je n’ai pas fait de Baby Shower.
• Et enfin le principe bien développé également du Baby Moon. Un peu comme une Honey Moon, il s’agit de partir en week-end ou même en vacances avec son/sa partenaire avant la naissance, histoire de profiter de son couple avant l’arrivée du bébé. J’aime bien cette idée de petites escapades en amoureux. Une de mes copines est carrément partie 2 semaines en vacances en Espagne avec son mari pour leur Baby Moon, un autre couple à Hawaï. Clairement ils utilisent cette tradition pour en profiter 😉

Décor typique de Baby Shower lorsque le sexe n’est pas encore révélé

Voilà pour mon expérience en Californie. J’ai eu une grossesse heureuse et bien accompagnée. À présent je profite de mon congé avant la naissance pour me reposer avant la grande rencontre ♥♥♥

Si vous avez des questions ou si vous souhaitez partager votre expérience de grossesse que cela soit en France, aux USA ou ailleurs, je serai plus que ravie de vous lire dans les commentaires.

With Love,

Tiphaine, a Frenchy in Cali